La terminologie du tennis prête parfois à confusion. Ainsi, ce que
nous appelons tennis est en réalité le lawn-tennis ou jeu de Paume
sur gazon (le mot anglais « tennis » étant l'équivalent
du mot « paume »).
Lorsque ce jeu fut introduit en France, il était pratiqué sur terre
battue, si bien que l'on employa le seul terme de « tennis ».
Terrain de jeu de Paume
sous Louis XIII
Avant le tennis, le jeu de Paume...
Dans l'antiquité, le jeu de Paume aurait peut-être été
pratiqué en Egypte, dans une ville appelée Tinnis. D'après
certains historiens, les Grecs y jouaient de même que les Perses et les
Sarrazins.
Le jeu de Paume est apparu en France vers le XIIe siècle. A cette époque,
ce jeu était pratiqué par les moines. En utilisant le sol, les
murs, les chevrons et les poutres du cloître, ils ont conçu le
premier jeu de Paume, pour se détendre et faire un peu d'exercice. Ce
jeu nécessitait une balle (esteuf) confectionnée dans du drap
et la paume de la main, d'où son nom de « jeu de Paume ».
Le jeu de Paume finit par gagner la faveur des nobles et des souverains. Les
rois de France, en particulier Louis XI, Henri IV et surtout François
1er, prirent un plaisir extrême à jouer à la Paume, ce qui
lui valu le nom de « jeu des rois ».
Il s'appelait Courte Paume s'il était pratiqué en salle et Longue
Paume s'il l'était en plein air.
Le jeu de Paume se répandit non seulement en France, mais aussi dans
le reste de l'Europe : Angleterre (Real tennis), Allemagne (Ballhaus), Pays-Bas,
Suède, Italie, Espagne, Suisse... Lorsqu'il arriva en Australie, on l'appela
Royal tennis et Mary Ewing Outerbridge l'importa aux Etats-Unis sous le nom
de Court tennis.
On construisit de nombreuses salles couvertes appelées tripots. Etant
donné leurs origines monacales, leur forme s'inspirait de celle des cloîtres
: un toit en pente longeait trois côtés. L'un deux, la galerie,
était destiné aux spectateurs. Un autre, fermé dans sa
partie inférieure, était supporté par des poteaux. En face,
un grand mur nu présentait, dans un angle du fond, un renflement appelé
tambour.
Les règles étaient très compliquées, car la balle
pouvait frapper divers endroits de la pièce, incluant notamment le principe
de la chasse : la balle qui n'est pas reprise au premier rebond peut être
reprise au second, et rejouée ultérieurement.
Les premiers équipements
Au XIIe siècle, les joueurs n'utilisaient pour seul équipement
qu'une balle et leur paume pour pratiquer ce jeu. Il en fut ainsi pendant plusieurs
années puis, la popularité aidant, l'usage d'un gant se répandit.
Les parties étaient de plus en plus longues et les premières balles
en cuir, bourrées de sable, de chaux, de sciure ou d'autres substances,
rendaient les mains souvent douloureuses.
Louis XI décréta en 1481 que les balles seraient désormais
uniquement en cuir et en laine. Comme cette mesure s'avérait insuffisante,
les gants furent renforcés avec des sortes de cordages que l'on attachait
autour de la paume. Puis les premiers battoirs en bois firent leur apparition,
mais ils restaient assez rudimentaires et des améliorations s'imposaient.
Des cadres de battoir furent tendus avec du parchemin. Mais la popularité
croissante du jeu demandait de meilleures raquettes.
Au début du XVIe siècle, on créa la première raquette
dotée d'un long manche et d'un cordage en boyaux de mouton. Toutes sortes
de formes et de tailles furent proposées et le succès du jeu a
entraîné la naissance de corporations de raquettiers et de paumiers,
surtout en France, en Italie et en Angleterre.
La fabrication des balles était complexe d'autant qu'il fallait un trousseau
pour un jeu, soit six douzaines de balles. L'apprenti d'un fabricant de raquettes
consacrait la majeure partie de son temps à les confectionner et à
les coudre, après avoir obtenu une pelote ronde qu'il recouvrait de bandes
de drap, puis ficelait pour conserver la forme.
En France et en Angleterre, les balles étaient de couleur blanche pour
bien ressortir sur les murs foncés. En revanche, elles étaient
noires en Espagne car les courts étaient traditionnellement blancs, surtout
à l'extérieur.
Le terrain de Sphairistikè
La naissance du Lawn-tennis
On considère que le major Walter Clopton Wingfield est l'inventeur du
tennis moderne. Il pratiquait un jeu de raquette et de balle qu'il appelait
Sphairistikè (mot grec signifiant « jeu de balle »), puis
en 1877, on le nomma « lawn-tennis » car le mot Sphairistikè
s'avérait trop difficile à retenir... Il déposa les principes
de son jeu au bureau des patentes et se mit à vendre des ensembles constitués
de quatre raquettes, de balles, d'un filet et d'un fascicule expliquant les
règlements de son jeu.
Le major Wingfield
Pour y jouer, il convenait d'utiliser une pelouse sur laquelle étaient
tracées les lignes du terrain dont la forme ressemblait à un sablier
se rétrécissant à la hauteur du filet. Sa longueur atteignait
18,30 mètres et sa largeur 6,40 mètres au filet et 9,20 mètres
sur la ligne de fond. Le filet mesurait 1,42 mètres au centre. Il existait
un carré de service et une ligne de service (comme pour le jeu de Paume,
le service se faisait toujours du même côté). Le décompte
des points était le même que pour le jeu de Paume, à l'exception
du chiffre 45 qui devint 40.
Le tennis (alors dénommé Lawn-tennis) devint rapidement populaire
et détrôna peu à peu le croquet et des championnats réguliers
furent organisés dans les universités, à commencer par
celles d'Oxford et de Cambridge à partir de 1850 et 1859. Toutefois,
des problèmes survinrent car les joueurs établirent des règles
très fantaisistes selon les désirs de chacun en dépit des
informations fournies par la brochure du major Wingfield.
La mise en place des règles
En 1875, un sous-comité créé par le Marylebone Cricket
Club (qui possédait une certaine autorité sur les jeux de raquettes
et de paume) codifia des règles dans un livret de règlements.
Ceux-ci furent modifiés en 1877 par le All England Club qui intégra
le lawn-tennis à ses activités et devint le premier organisme
officiel pour ce sport sous le nom de All England Croquet and Lawn Tennis Club.
L'essentiel du règlement comportait ces différents points :
* Le terrain doit être rectangulaire (23,77 m par 8,23 m en simple)
* Le décompte des points est le suivant : 15, 30, 40, jeu, avantage ou
égalité
* Le filet fut abaissé à 0,915 m au centre (contre 1,52 m)
D'autres règles concernaient la ligne de service qui passait de 7,92
mètres, à partir du filet, à 6,40 mètres. En outre
la forme et le poids de la balle furent codifiés, et l'on conserva la
plupart des règles initiales.
Le lawn-tennis disposait ainsi d'une réglementation stricte, juste à
temps pour le premier championnat de Wimbledon organisé en 1877...
Des balles et des raquettes pour un nouveau jeu...
Les balles de tennis étaient en latex indien sans revêtement. On
eut l'idée, pour le premier tournoi de Wimbledon en 1877, de les recouvrir
de laine blanche. Les premières balles étaient assez molles mais
il n'existait pas encore de réglementation stricte sur leur taille, poids,
rebond et compression.
A la fin des années 20, on conçut un revêtement beaucoup
plus résistant qui était collé à la surface. Puis
une balle sous pression fit son apparition et, pour maintenir cette pression
constante, on insufflait du gaz dans le noyau (c'est pour cette raison que les
anciennes balles faisaient du bruit quand on les secouait). Cette balle sous
pression avait un rebond plus rapide et son poids augmenta.
Les raquettes devaient donc s'adapter à ces nouvelles balles. Le «
nouveau » jeu du major Wingfield n'avait donné aucune indication
concernant leur taille, leur forme et leur poids. Les joueurs utilisaient donc
toutes sortes de modèles et de tamis... Toutefois, leur longueur était
souvent comprise entre 63,5 et 68,6 centimètres et leur poids entre 354,4
et 476,8 grammes.
Au début des années 30, de nouvelles colles permirent aux raquettiers
de superposer des lattes de frêne, de noyer, d'érable et de hêtre
qu'ils encollaient afin de consolider les raquettes, qui supportaient ainsi
une tension supérieure et ceci permit de trouver un meilleur équilibre
entre puissance et contrôle de la balle (pour voir quelques modèles,
cliquez-ici).
Puis on se lança dans l'étude de nouveaux métaux et fibres
synthétiques. De même, les balles devenaient plus résistantes
grâce à l'utilisation de la laine et du Nylon.
Le major Gem
Les premiers clubs
Le tout premier club fut celui de Leamington, fondé en 1872 au Manor
House Hotel près de Birmingham en Grande-Bretagne, par le major Harry
Gem.
En France, les premiers clubs apparurent au Havre et à Dinard vers 1878,
lieux très fréquentés par les Anglais. Vers 1890, la Société
sportive de l'île de Puteaux organisa les premiers championnats interclubs
de lawn-tennis. Toutefois, ce jeu n'était pratiqué qu'aux périodes
estivales, aucun club ne possédant de terrain couvert permettant de jouer
en hiver. La domination des « Mousquetaires » en coupe Davis entre
1927 et 1933 permit au Tennis Club de Paris de construire un stade permanent,
Roland Garros.
En 1878, les Anglais créèrent leur propre club à Bordighera
en Italie. Puis des clubs italiens s'ouvrirent à Rome et Turin, suivis
bientôt par Gènes, Milan et Florence.
Le Prince Gustav de Scandinavie introduisit le tennis en 1879 et décida
de faire construire un club à Tullgarn en 1881. Dans le même temps,
le tennis fut pratiqué au Christiania Football Club en Norvège.
Il fallut cependant attendre 1900 pour qu'un club de tennis soit créé
et propose aux joueurs cinq terrains en terre battue. Il porte aujourd'hui le
nom d'Oslo Club.
En 1903 en Espagne, seule la ville de Barcelone possédait un club qui
organisait des tournois nationaux et internationaux. Il était affilié
à la Fédération anglaise de lawn-tennis. En Allemagne,
le premier club fut créé en 1881 à Baden-Baden mais il
existait déjà un club fondé par des Anglais à Bad
Homburg depuis 1877.
Dans les autres pays européens, l'histoire des clubs a connu une évolution
similaire. Les Pays-Bas en comptaient deux en 1882 et quatorze en 1899. Le Portugal
ouvrit son premier club vers 1899 à Lisbonne. La Belgique (vers 1890),
la Pologne (en 1881), l'Autriche et la Finlande créèrent également
des clubs et ceux-ci apparurent peu après le premier tournoi de Wimbledon.
Le succès du tennis se propagea jusqu'en Roumanie, Hongrie, Russie et
Tchécoslovaquie. Le tennis gagna également l'Afrique, l'Asie et
l'Amérique du Sud où il fut introduit par des touristes européens,
des diplomates ou des militaires en garnison.
Pour ce qui concerne les Etats-Unis, la Nouvelle-Orléans prétend
avoir créé le premier club américain en 1876. Toutefois,
le premier tournoi de tennis eut lieu la même année à Nahant
dans le Massachusetts. Très vite, des clubs furent fondés à
Boston, New York, en Pennsylvanie, dans le New Jersey, à Cincinnati,
Chicago et en Californie.
A la fin du XIXe siècle, le tennis était pratiqué dans
l'ensemble du pays et de nombreuses universités offraient aux étudiants
la possibilité de s'initier à ce sport. Tennis au Casino de Newport,
aux Etats-Unis, en 1881
L'enthousiasme pour le tennis fut tout aussi grand en Australie. Vers 1885,
chaque Etat organisait des tournois. L'un d'eux eut lieu en 1885 an Sydney Lawn
Tennis Club (Nouvelle-Galles du Sud), même si un club avait déjà
été fondé à Melbourne en 1880.
Comme chaque Etat avait sa propre ligue, la Fédération australienne
de tennis fut tout naturellement créée en 1904.
En 1913, la Fédération internationale de lawn-tennis (l'actuelle
Fédération Internationale de Tennis) se constitua à Paris
en tant qu'organisme international. Siégeant désormais à
Barons Court, à Londres, elle contribue au développement et à
la diffusion du tennis dans le monde.