L'aiguille, la meule de foin et le CHAT S. BARON-COHEN*, J. ALLEN**, C. GILLBERG*** * BAOxon, PhD, MPhil, Senior Lecturer in Developmental Psychology, Departments of Psychology and Child Psychiatn~, Institute of Pspchiatw, Unisersiw of London, De Crespigny Park, London SE5 8AF. ** MD, General Practitioner, Wimbledon Village Practice. 35a High St. Wimbledon, London SWl9SBY. *** MD, Prnfessor, Deparnnent of Child and Adolescent Psychiatrv, Child Neuropsy'chiatric Clinic. Universiry of Gothenburg, S-413 ~15. Gothenburg, Sweden. RÉSUMÉ : L'autisme peut-il être détecté à l'âge de 18 mois ? L'aiguille, la meule de foin et le CHAT. L'autisme est actuellement seulement détecté aux environs de 3 ans. Cette étude avait pour objectif d'établir si la détection de l'autisme était possible à l'âge de 18 mois. Nous avons sélectionné ~1 jeunes enfants âgés de 18 mois qui présentaient un fort risque génétique de développer un autisme, et 50 enfants âgés de 18 mois sélectionnés au hasard, en utilisant un nouvel instrument, le CHAT. administré par les médecins généralistes ou les travailleurs sociaux. Plus de 80 % des jeunes enfants âgés de 18 mois sélectionnés au hasard ont réussi tous les items, et aucun n'a échoué à plus d'un item concernant le jeu de " faire semblant ", le pointage protodéclaratif, l'attention conjointe, l' intérêt social et le jeu social. Quatre enfants dans le groupe à haut risque ont échoué à deux ou plus de ces cinq comportements. Lors d'une réadministration du test à l'âge de 30 mois, les 87 enfants qui avaient réussi quatre ou plus de ces comportements clés à l'âge de 18 mois ont continué à se développer normalement. Les quatre enfants qui avaient échoué à deux ou plus de ces comportements clés à l'âge de 18 mois ont reçu un diagnostic d'autisme à l'âge de 30 mois. Mots clés : Autisme - Diagnostic précoce - Echelle de comportements. : Autisme - Diagnostic précoce - Echelle de comportements. L’autisme est largement reconnu comme le plus sévère des troubles psychiatriques et jusqu’ici sa détection s’effectue tardivement, ce qui est inacceptable. Ainsi, même si les cliniciens spécialisés sont rarement consultés avant l’âge de 3 ans pour un enfant chez lequel on suspecte un autisme (les centres spécialisés commencent à recevoir des enfants âgés de 2 ans en consultation, mais ceci est encore exceptionnel), bien qu’il existe un consensus entre les chercheurs pour dire que le trouble est presque toujours d’apparition prénatale (Volkmar et al., 1985). Cette détection relativement tardive n'est pas surprenante, car : a) les praticiens de médecine générale ne sont pas spécifiquement formés pour détecter précocement un autisme ; b) rien dans la routine actuelle de dépistage développemental ne va alerter un médecin généraliste ou un travailleur social vers un éventuel cas d'autisme puisque dans la plupart des pays ils évaluent uniquement le développement moteur, intellectuel et perceptif, qui peut apparaître normal dans l'autisme (Frith et Baron-Cohen, 1987) ; c) le trouble est assez rare ; d) la plupart des critères de l'autisme (American Psychiatric Association, 1987 ; Organisation mondiale pour la santé 1987) insistent sur les anomalies du développement social et de la communication, les deux étant difficiles à évaluer dans une période préscolaire. A ce jour, la plupart des chercheurs ont reconnu l'importance d'une détection précoce mais ne l'ont pas encore tentée, simplement parce que la probabilité de trouver un autisme à un âge aussi jeune n'est pas différente de celle de trouver la proverbiale aiguille dans une botte de foin : seuls 4 à 8 pour 10 000 bébés développent un autisme (Gillberg et al., 1991). Vu sa rareté, il apparaît peu économique d'entreprendre une détection précoce dans un échantillon au hasard. La conception de base de la présente étude est que la détection précoce de l'autisme est à la fois possible et réaliste sur le plan économique. Cela est possible parce que les recherches en psychologie expérimentale nous ont montré ce qu'il fallait rechercher chez les jeunes enfants si nous voulions détecter précocement l'autisme. Tout d'abord, le jeu de ·~ faire semblant " (dans lequel les objets sont utilisés comme s'ils avaient d'autres propriétés ou d'autres identités, et qui est normalement présent dès l'âge de 12-15 mois) est absent ou anormal dans l'autisme (Wing et Gould, 1979 ; Baron-Cohen, 1987). Ce déficit semble être hautement spécifique - il n'y a pas véritablement d'absence générale de jeu. Par exemple, les enfants atteints d'autisme présentent un jeu fonctionnel (en utilisant des jouets comme l'on s'attend à ce qu'ils soient utilisés) et un jeu sensorimoteur (en explorant seulement les propriétés physiques des objets, sans intérêt pour leur fonction, par exemple taper, balancer, sucer, jeter, etc.) (Baron-Cohen, 1987). Deuxièmement, le comportement d'attention conjointe (normalement présent dès l'âge de 9-14 mois) est également absent ou rare dans l'autisme (Sigman er al., 1986). De nouveau, et d'une manière frappante, ceci est un déficit spécifique. Par exemple, tandis que le comportement d'attention conjointe par pointage protodéclaratif est absent ou rare dans l'autisme (Baron-Cohen, 1989), le pointage à des fins " non sociales " est présent. Ainsi, les enfants autistes présentent effectivement un pointage proto-impératif (Baron-Cohen, 1989) et un pointage pour nommer (Goodhart et BaronCohen, 1992). (Le comportement d'attention conjointe inclut le fait de pointer, montrer et réguler par le regard, et il se définit comme des tentatives pour intercepter ou diriger l'attention d'une autre personne vers un o6jet ou un événement : le pointage protodéclaratif est l'utilisation de l'index pour indiquer à une autre personne un objet source d' intérêt, et cela est une fin en soi ; le pointage proto-impératif est l'utilisation de l'index simplement pour tenter d'obtenir un objet ; le pointage pour nommer est destiné à désigner un objet au sein d'un ensemble tandis qu'il est nommé, et ceci peut être non social.) D'autres déficits de l'attention conjointe dans l'autisme incluent une absence relative du pointage d'objets aux autres et du contrôle par le regard - diriger son regard vers le lieu où quelqu'un d'autre est en train de regarder (Sigman et al., 1986). Puisque ces comportements de " faire semblant " et d'attention conjointe, avec tout particulièrement le pointage protodéclaratif, sont des étapes universelles du développement (Butterworth, 1991 ; Leslie, 1991), normalement présents sous des fortnes simples dès l'âge de 15 mois, leur absence lors d'un dépistage de routine à 18 mois poutrait être des indicateurs clairs et spécifiques de l'autisme ou de troubles associés. Pour le moment aucun de ces deux marqueurs psychologiques n'est encore vérifié. Mais qu'en est-il des aspects financiers de la détection précoce ? L'examen de 10 000 enfants sélectionnés au hasard ne devrait permettre de trouver que peu d'enfants atteints d'autisme. Notre alternative était d'effectuer un dépistage chez des enfants âgés de 18 mois qui présentaient un fort risque pour l'autisme - frères et sceurs plus jeunes d'un enfant ayant reçu le diagnostic d' autisme dont 2 à 3 9o développeraient aussi un autisme sur une base génétique (Folstein et Rutter, 1987). Nous en avons déduit que si nous pouvions démontrer la valeur d' un instrument de dépistase auprès d' un échantillon à haut risque, alors il serait plus sûr d'utiliser ultérieurement un tel instrument sur une population prise au hasard. MÉTHODE Nous avons testé deux groupes de sujets. Tout d'abord. 50 sujets âgés de 18 mois sélectionnés au hasard (groupe 1 ). fréquentant un centre de santé londonien pour leur examen de routine des 18 mois, ont été testés afin de recueillir des données normatives. L'âge moyen de ce groupe était de 18,3 mois (étendue 17-20 mois, DS 1,04 mois). Il comprenait 28 garçons et 22 filles. Deuxièmement, nous avons testé 41 membres de la fratrie d'enfants atteints d' autisme, plus jeunes (groupe 2), identifiés avec l'aide de la National Autistic Society (UK) et du Statewide Diagnostic Autism Register, conservé à la Child Neuropsychiatric Clinic de Gothenburg. Le groupe 2 était notre groupe à haut risque. Les fratries plus âgées de ce groupe présentaient toutes un diagnostic d' autisme qui répondait aux critères reconnus (Rutter, 1978 ; American Psychiatric Association, 1987). L'âge moyen des sujets du groupe 2 était de 19,3 mois (étendue 17-21, DS 1,6 mois). La différence en âge entre les groupes 1 et 2 n'était pas significative (t = 1.78, df = 89, P > 0.05). Les deux groupes ont été testés en utilisant notre instrument récemment mis au point, le Checklist for Autism in Toddlers (le CHAT). Les sujets ont été testés par leur médecin généraliste ou un travailleur social. La coopération des médecins généralistes pour le groupe 2 a été obtenue en leur expliquant que le CHAT ne prendrait qu'environ 15 minutes pour être effectué, qu' il pourrait être inclus au sein du bilan de routine des 18 mois, qu'un seul enfant parmi leurs patients avait besoin d'être testé de cette manière, et que cela pourrait aider la recherche. En cas de refus du médecin généraliste (n = 10 dans le groupe 2), les sujets ont été testés par un parent pour la Section A uniquement (voir ci-dessous). Les sujets des deux groupes étaient recontactés 12 mois plus tard (à l'âge de 30 mois), par un courrier aux parents (dans le cas du groupe 2) ou par le médecin généraliste (dans le cas du groupe 1), en leur demandant si l'enfant avait développé un problème psychiatrique quelconque. Le CHAT a été initialement mis au point en incluant plusieurs questions pour chacun des six domaines de développement reconnus dans la littérattue pour être anotmaux dans l'autisme : le jeu social, l'intérêt social, le jeu de " faire semblant ", l'attention conjointe, le pointage protodéclaratif et l'imitation. De plus, nous avons également inclus plusieurs items dans chacun des quatre domaines de développement reconnus pour être normaux dans l'autisme : le jeu fonctionnel, le pointage protoimpératif, le développement moteur et le jeu physique de bousculade. Ceci donne un total de dix domaines de développement. Cette version assez longue du CHAT n'a été présentée qu'au groupe 1. Il possédait deux sections : la section A comprenait des questions pour les parents, tandis que la section B était constituée par les tentatives du clinicien pour tirer au clair certains de ces types de comportement. Dans un effort pour s'assurer que le CHAT était à la fois facile et rapide à utiliser par des cliniciens occupés, et pour qu'il ne comprenne que des épreuves qu'un enfant normal de 18 mois réussit facilement, le CHAT a alors été raccourci. Tout d'abord, les items auxquels avaient échoué plus de 20 % du groupe I ont été abandonnés (20 % ont été choisis selon un indice arbitraire indiquant que ce comportement n'était pas présent avec certitude chez un enfant normal âgé de 18 mois). Il en a résulté l'abandon de l'imitation. Deuxièmement, au sein de chacun des neuf domaines de développement restants, la question qui était réussie par le plus grand nombre d'enfants du groupe I était conservée, mais les autres questions étaient abandonnées. Ces deux modifications ont permis d'obtenir le CHAT abrégé (voir appendicej. La section A de la liste résultante évaluait par conséquent chacun des neuf domaines de développement, avec une question pour chaque : jeu physique de bousculade, intérêt social, développement moteur, jeu social, jeu de " faire semblant ", pointage proto-impératif, pointage protodéclaratif, jeu fonctionnel, attention conjointe. L'ordre des questions était fait en sorte d'éviter un biais de réponse par oui ou par non, en intercalant les domaines que l'on pense être anormaux avec les domaines que l'on s'attend à voir normaux chez des enfants atteints d'autisme. La section B était destinée au clinicien afin d'évaluer le comportement réel de l'enfant en comparaison avec les réponses des parents données à la section A. Ainsi, l'item Büi vérifiait le jeu de " faire semblant " et correspondait à la question A5. L'item Biv vérifiait le pointage protodéclaratif et correspondait à la question A7. Les items Bi et Bü enregistraient l'interaction sociale effective, mais ils n'avaient pas la prétention de correspondre à des questions particulières de la section A, et Bv était une vérification pour le handicap mental. PRÉDICTIONS A la suite de Folstein et Rutter (1987), nous supposions que nous trouverions approximativement 3 % des enfants du groupe 2 qui développeraient un autisme. Puisque le groupe 2 ne comprenait que 41 sujets (nombre total des enfants âgés de 18 mois qui étaient frères d'enfants déjà diagnostiqués autistes et que nous pouvions localiser dans tout le Royaume-Uni et en Suisse), nous pouvions nous attendre à détecter seulement 1,2 cas d'autisme. La question était : est-ce que le CHAT identifierait ces un ou deux cas à l'âge de 18 mois ? Nous supposions que ces sujets devraient échouer aux questions A2, 4, 5, 7 et 9, mais réussiraient les items A1, 3, 6 et 8. Nous savions que plus de 80 % des enfants du groupe 1 étaient capables de réussir tous les items du CHAT, puisque l'instrument avait été construit sur cette base. Tableau l. Pourcentage de chaque groupe ayant réussi chaque item du CHAT. Groupe 1 (n = 50) Groupe 2 (n = 41) Question de la section A 1 90 92,7 2 94 97,5 3 100 95 4 100 95,1 5 86 82,9 6 98 87,8 7 92 87,8 8 100 100 9 94 92,7 Items de la section B* I 100 96,8 II 98 90,3 III 82 74,2 IV 88 80,6 * n = 31 pour le groupe 2, car dans dix cas. seule la section A du CHAT a été présentée aux parents. RÉSULTATS Le tableau 1 montre le pourcentage de sujets de chaque groupe ayant réussi (ex. : enregistrement d'un " oui ") pour chacun des items de la section A. Les groupes 1 et 2 ne sont pas statistiquement différents, et ce, quelle que soit la question. Tandis que pour un petit pourcentage des jeunes enfants du groupe 1 étaient encore absents le pointage protodéclaratif (8 %), l'intérêt social (6 %), l'attention conjointe (6 %) et le jeu de " faire semblant " (14 %), comme cela a été mesuré pour la section A (respectivement questions 7, 2, 9 et 5), pour aucun des sujets plus d'un de ces quatre types de comportement n'était absent. Le cinquième comportement retenu, le jeu social (A4), était présent chez tous les sujets du groupe 1. Ce type de résultats était le même chez les jeunes enfants du groupe 2, à l'exception de 4 sujets (9,75 % du groupe 2) pour lesquels 2 ou plus des 5 comportements clés étaient absents. Les questions A3 et A8 ont montré qu'aucun des groupes ne présentait de retard intellectuel ou de retard moteur, et que les parents n'étaient pas enclins à fournir une réponse négative de manière biaisée. VALIDATION DU CHAT : DONNÉES LONGITUDINALES Lors d'un suivi à l'âge de 2,5 ans aucun des sujets du groupe 1 n'avait développé de trouble psychiatrique, et il n'y avait aucun cas d'autisme. Dans le groupe 2, 37 des 41 sujets ne présentaient pas de problème psychiatrique, mais 4 ont été diagnostiqués autistes (entre l'âge de 24 et 30 mois), séparément par deux psychiatres utilisant les critères du DSM-III-R (American Psychiatric Association, 1987). Ces sujets étaient les seuls du groupe 2 à présenter des échecs à 2 ou plus des 5 comportements clés. Deux de ces sujets provenaient de l'échantillon anglais, et deux de l'échantillon suisse. Ceci démontre bien que le CHAT a pu prédire correctement à l' âge de 18 mois quels enfants allaient se développer normalement par opposition aux enfants qui allaient développer un autisme. FIABILITÉ DU CHAT Les items BIII et BIV étaient introduits comme test pour voir si les parents risquaient de sous- ou de surestimer les capacités de leurs enfants. en fonction de ce qu'ils avaient pu rapporter au clinicien aux questions A5 et A7. Dans le groupe 1 (où tous les sujets ont été évalués par un clinicien), chacune de ces deux questions de la section A était réussie par 92 % des enfants réussissant l'item correspondant de la section B, comme on peut le voir dans le tableau 1. Cela signifie que la plupart des enfants qui réussissaient un item de la section A étaient également cotés comme présentant le comportement approprié dans la section B. Pour les 4 enfants (sur 50) qui ont réussi une question de la section A mais qui n'ont pas manifesté le comportement approprié dans la section B, il a été effectué une vérification à partir des notes du clinicien. Dans 3 de ces cas, le clinicien a noté que cela était dû à la timidité de l'enfant, et pour l'autre enfant au fait que sa langue maternelle n'était pas l'anglais. Le schéma opposé (échouer à un item de la section A mais démontrer le comportement approprié dans la section B) ne s'est jamais présenté. L'aspect final de la fiabilité qui était testé concernait les 10 sujets du groupe 2 qui ont été évalués par leurs parents, à cause du refus du médecin généraliste. L'exactitude prédictive provenant de leurs évaluations était tout à fait aussi fiable que celle provenant de l'évaluation par le médecin généraliste. DISCUSSION Cette première étude utilisant le CHAT a révélé que les prédicteurs psychologiques clés de l'autisme à l'âge de 30 mois incluent deux ou plus des comportements suivants à l'âge de 18 mois : a) absence de jeu de " faire semblant " ; b) absence de pointage protodéclaratif ; c) absence d'intérêt social ; d) absence de jeu social ; e) absence d'attention conjointe. Le CHAT a permis de détecter en tout 4 cas d' autisme dans un échantillon total de 91 sujets âgés de 18 mois. Cela doit refléter en partie le fait que nous ayons choisi les bonnes mesures et le bon groupe à haut risque, bien que nous ayons été " chanceux ", puisque, statistiquement, un échantillon de seulement 41 enfants à haut risque aurait pu ne contenir aucun cas de début d' autisme (Folstein et Rutter, 1987). Ce succès prédictif fournit un test préliminaire de la validité du CHAT. Nous recommandons par conséquent que si un enfant ne présente aucune combinaison de ces comportements clés lors de l'examen des 18 mois, il sera cliniquement judicieux de l'adresser à une consultation spécialisée pour l' autisme. Nous étendons actuellement cette recherche à une étude épidémiologique de 20 000 sujets âgés de 18 mois sélectionnés au hasard dans la région du sud-est de la Tamise en Angleterre, ce qui est une étape ultérieure nécessaire pour une plus grande validation de cet instrument. Ceci aidera à établir le pourcentage de faux négatifs, tels les cas de handicap mental. Nous nous attendons à ce que la plupart des enfants présentant un grave handicap mental global échouent aux questions A3 et A8, et, de ce fait, ne soient pas confondus avec des cas d'autisme précoce. De plus. nous recommandons l'adjonction d'un item supplémentaire au CHAT (voir appendice item Bv) pour aider à différencier le handicap mental grave sans autisme de l'autisme lui-même. Cet item est déjà largement utilisé en bilan de routine. Une question importante à laquelle il faudra répondre est de savoir si les enfants avec d'autres types de troubles (ex. : syndrome d'Asperger, trouble du langage. etc.) montrent un pattern d'échec différent au CHAT. Finalement, il est d'un intérêt théorique considérable de voir que trois des items qui permettaient de prédire quels enfants recevraient un diagnostic d'autisme sont ceux qui ont été considérés comme étant les précurseurs d'une altération de la théorie de l'esprit découverte ultérieurement dans l'autisme : le jeu de " faire semblant ", le pointage protodéclaratif et l'attention conjointe (Baron-Cohen, 1991 : Leslie, 1991). Notre étude épidémiologique étant prospective, elle fournira un test plus puissant de cette qualité de précurseur. On peut espérer que des recherches à l'aide du CHAT mèneront à des améliorations dans le diagnostic précoce de l' autisme. Remerciements : Ce travail a été soutenu par une bourse provenant du MRC (1989-1990) pour le premier auteur. Nous voudrions remercier Tessa Hall et la National Autistic Society pour leur aide inestimable dans la recherche des sujets du groupe 2, et Hilary Shirley et Jenny Gent pour leur assistance dans l'évaluation des sujets du groupe 1. Nous sommes également reconnaissants à George Butterworth, Dale Hay, Tony Cox, Gillian Baird, Sarah ListerBrook, John Swettenham, Tony Charman et Auriel Drew pour leurs commentaires utiles sur le CHAT, et plus particulièrement Auriel Drew pot~r avoir donné un nom à cet instrument. Des extraits de ce travail ont été présentés à la conférence " Autisme et Psychologie expérimentale " à l'université de Durham, avril 1990, au symposium sur " Autisme et syndrome d'Asperger " au cours de la Conférence sur la Psychologie du développement de la BPS, Cambridge, septembre 1991, et la European Society of Child and Adolescent Psychiatry, Londres, septembre 1991. Nous remercions Michael Rutter et Robert Goodman pour leurs commentaires sur cet article. La partie suisse de cette étude a été soutenue par la Ulf Ludahl Foundation et le Swedish Inheritance Fund. Gunilla Ahlsen et Suzanne Steffenbur~ ont contribué au recueil des données. RÉFÉRENCES AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (3rd edn, revised) (DSM-(II-R), Washington. DC, APA. 1987. BARON-COHEN (S.): Autism and symbolic play, British Journal of Developmental Psvchology, 5, 1987, pp. 139-I18. BARON-COHEN (S.): Perceptual role-taking and protodeclarative pointing in autism, British Journal of Developmental Psvchologv, 7, I919. p. I I3-I27. BARON-COHEN (S.): Precursors to a theory of mind: understanding attention in others, in Natural Theories of Mind (ed. A. Whiten), Oxford, Basil Blackwell, 1991. BUTTERWORTH IG.): The ontogeny and phylogeny of joint visual attention in Natural Theories of Mind (ed. A. Whitem), Oxford, Basil Blackwell, 1991. GOODHART (F.), BARON-COHEN (S.): How many ways can the point be made ? Evidence from children with and without autism, unpublished ms, lnstitute of Psychiatry, University of London, 1992. FOLSTEIN (S.), RUTTER (M.): Autism: familial aggregation and genetic implications, Journal of Autism and Developmental Disorders, 18, 1987, PP. 3-30. FRITH (U.), BARON-COHEN (S.): Perception in autistic children. in Handbook of Autism and Pervasive Developmental Disorder.s (eds D. Cohen. A. Donnellan, R. Paul), New York. Wilev, 1987. GILLBERG (C.), STEFFENBURG (S.), SCHAUMANN (H.): Is autism more common now than 10 years ago? British Journal of Psychiatry, 158. 1991, PP. 403-409. LESLIE (A.M.): The theory of mind deficit in autism: evidence for a modular mechanism of development, in Natural Theories of Mind (ed. A. Whiten), Oxford, Basil Blackwell, 1991. RUTTER (M.): Diagnosis and definition, in Autism: A Reappraisral of Concepts and Treatment (eds M. Rutter & E. Schopler), New York, Plenum, 1978. SIGMAN (M.), MUNDY (P.), UNGERER (J.), et al.: Social interactions of autistic, mentally retarded, and normal children and their caregivers, Journal of Child Psychology and Psychiatry, 27, 1986, pp. 647-656. VOLKMAR (F.), STIER (D.), COHEN (D.): Age of recognition of pervasive developmental disorders, American Journal of Psychiatry, 142, 1985, pp. 1450-1452. WING (L.), GOULD (J.): Severe impairments of social interaction and associated abnormalities in children: epidemiology and classification, journal of Autism and Developmental Disorders, 9, 1979, pp. 11-29. Le CHAT CHecklist for Autism in Toddlers Utilisable par les médecins généralistes ou les travailleurs sociaux lors du bilan de développement des 18 mois. Nom de l' enfant Date de naissance Age Adresse de l'enfant Numéro de téléphone Section A. Destinée aux parents oui non 1. Est-ce que votre enfant apprécie d'être balancé, de sauter sur vos genoux, etc. ? 2. Est-ce que votre enfant est intéressé par les autres enfants ? 3. Est-ce que votre enfant aime escalader des choses, telles que les escaliers ? 4. Est-ce que votre enfant aime jouer à cache-cache, à coucou levoilà ? 5. Est-ce que votre enfant a déjà fait semblant, par exemple, de préparer une tasse de thé en utilisant une tasse et une théière en jouet, ou fait semblant de faire d'autres choses ? 6. Votre enfant a-t-il déjà utilisé son index pour pointer, afin de demander quelque chose ? 7. Votre enfant a-t-il déjà utilisé son index pour pointer, afin d'indiquer son intérêt à l'égard de quelque chose ? 8. Votre enfant peut-il jouer de manière appropriée avec de petits jouets (par exemple des voitures ou des cubes) en faisant autre chose que simplement les mettre à la bouche, les tripoter ou les faire tomber ? 9. Votre enfant vous (parent) a-t-il déjà apporté des objets pour vous montrer quelque chose ? Section B. Observation du médecin généraliste ou du travailleur social oui non i. Au cours du rendez-vous. l'enfant a-t-il établi un contact oculaire avec vous ? ii. Essayez d'obtenir l'attention de l'enfant puis pointez de l'autre côté de la pièce vers un objet intéressant et dites : " Oh regarde ! II y a un [nommez un jouet] ! Regardez le visage de l'enfant. Est-ce que l'enfant a regardé de l'autre côté de la pièce pour voir ce que vous pointiez[1] ? iii. Obtenez l'attention de l'enfant puis donnez-lui une tasse et une théière en jouet miniature et dites : " Peux-tu préparer une tasse de thé ? " Est-ce que l'enfant fait semblant de verser du thé. de le boire. etc.[2] ? iv. Dites à l'enfant : " Où est la lumière ? ", ou " Montre-moi la lumière . Est-ce que l'enfant pointe son index vers la lumière [3]? v. Est-ce que l'enfant est capable de construire une tour de cubes ? (Si oui, combien ?) (Nombre de cubes : ........) Interprétation 5 items sont à considérer: Jeu de faire-semblant Pointer proto-déclaratif Contrôle du regard · A5 · A7 · Bii · Biii · Biv Si un enfant échoue ces 5 items, le risque d'autisme est élevé Le risque est moyen si l'enfant échoue à la fois les items A7 et Biv et passe au moins un deux trois autres (A5, Bii, Biii) Dans ces deux cas, il est conseillé de refaire le CHAT un mois plus tard. Si l'enfant échoue à nouveau, il doit être référé à une unité spécialisée de diagnostic, le CHAT n'étant pas un outil de diagnostic -------------------------------------------------------------------------------- [1] Pour enregistrer " oui " à cet item. s'assurer que l'enfant n'a pas simplement regardé votre main. mais a véritablement regardé l'objet que vous pointiez. [2] Si vous pouvez obtenir un exemple d'autre jeu de faire semblant. coter un " oui " à cet item. [3] Répétez la question avec " où est l'ourson ? ou avec tout autre objet hors de portée, si l'enfant ne comprend pas le mot " lumière ". Pour enregistrer " oui " à cet item, l'enfant doit avoir levé les yeux vers votre visage au moment du pointage .

Liens commerciaux