Depuis le milieu du vingtième siècle, la ville est le siège des changements économiques et technologiques. Est-elle aujourd'hui fondamentalement différente de ce qu'elle était à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? Tentative d’explication selon une approche pluridisciplinaire, dans une perspective internationale Automne 2001. Lambert Opula Chargé de cours La ville : Un espace structurellement en constante transformation Du fait de la satisfaction des besoins inhérents à l'établissement sur un site commun, les activités des citadins entraînent des effets sur le milieu. La double évolution démographique et socio-économique de la ville pourrait aussi avoir eu des effets évolutifs sur les besoins, le milieu, les aspirations et les, voire même les systèmes de valeurs. Autrement dit, certains éléments constitutifs de la nature intrinsèque de la ville seraient porteurs de dynamisme. Le développement morphologique, les structures sociales, institutionnelles et économiques en sont l'expression . En outre, les éléments du dynamisme du fait urbain pourraient aussi être recherchés dans le double caractère des fonctions urbaines, par rapport au territoire administré, dominé et couvert de réseaux par le centre, d'une part, et par rapport à la ville elle-même d'autre part, en tant qu'elle est administrée, dominatrice et dominée, insérée dans les réseaux des systèmes de production et de distribution . Par ailleurs, le caractère dynamique de la ville n'est certes pas un fait nouveau, mais quelle serait l'incidence de l'accélération du mouvement qui constitue un fait frappant , et qui suscite des questions aujourd'hui sur le devenir de la ville ? Quel jugement pourrions-nous porter sur l'état de la ville d'aujourd'hui, comparativement à celle du milieu du siècle dernier, en raison des mutations rapides de certains de ses aspects, comme par exemple, le rythme de la croissance urbaine ? La ville d'aujourd'hui est-elle encore fondamentalement la même que celle d'il y a cinquante ans ? Nous allons tenter de répondre à toutes ces questions, à partir de la littérature relative à la ville, notamment à partir des travaux des urbanistes, des géographes, des historiens, des sociologues, des économistes, voire même des philosophes urbains, en nous appuyant sur une approche comparative, dans une double perspective que constituent le temps et l'espace. Ce texte comprend quatre parties : une entrée en matière sous la forme de la définition de la ville sur laquelle nos réflexions vont porter ; une première section dans laquelle nous contrastons la forme de la ville de 1945 à celle d'aujourd'hui, une deuxième section dans laquelle nous confrontons la gestion de l'espace urbain entre les deux repères, et une troisième section où nous comparons les structures urbaines de production économique de la ville aux même repères, avant de formuler notre réponse à la question, sous une forme de conclusion de ce travail. I. De la définition de la ville Comme nous avons opté pour une approche multidisciplinaire dans la démarche pour répondre à la question posée ci haut, il nous paraît utile de savoir comment chacune des disciplines retenues aborde le fait urbain, pour mieux comparer nos deux villes, celles des années de l'après guerre et celle d'aujourd'hui. Bien que John Friedmann note l'absence de consensus sur le sens du phénomène transhistorique de ville , les auteurs comme Denise Pumain reconnaissent son caractère complexe, en tant qu'elle combine des formes d'organisation matérielle, sociale, économique, spatiale et symbolique ; ce qui montre la pertinence d'une approche multidisciplinaire dans son analyse. Les géographes l'abordent suivant trois angles, à savoir : les approches quantitative, qualitative et systémique. L'approche quantitative insiste sur l'importance spatiale de l'établissement, les parts relatives de la population dépendant respectivement des activités non agricoles et des activités agricoles, pour les uns , et sur d'autres caractéristiques urbaines comme la taille, la densité de la population et des constructions, les fonctions urbaines, etc., dans un espace continu , pour les autres. Il est toutefois difficile d'enfermer la ville dans des tels critères quantitatifs, ainsi le recours à une lecture complémentaire s'avère-t-elle nécessaire, sous forme d'une approche qualitative qui voit en la ville, la projection sur une fraction de l'espace des opportunités naturelles, historiques, des jeux des forces économiques, des apports du progrès technologiques, des créations architecturales, des contraintes administratives et autres aspirations conscientes et inconscientes de leurs habitants . À cette conception vaste et plutôt descriptive qu'une définition de la ville, s'ajoute une formule plus simple des défenseurs de l'approche systématique, comme celle de Paul Clavel : «une organisation destinée à maximiser l'interaction sociale » ou celle de Jacqueline Beaujeu-Garnier, qui voit en la ville une organisation médiatrice entre les industriels et les groupes locaux d'une part, et le milieu extérieur d'autre part, en vue de dominer et d'organiser la périphérie . Comme nous le voyons, le sens de la ville tel que les géographes se le donnent, nous permet d'analyser la forme urbaine (l'organisation de ses espaces physique et social), l'espace de gouvernance urbaine, ainsi que les structures des activités économiques. Cette conclusion pourrait s'appliquer, à quelques nuances près à la démarche des urbanistes. Parmi les définitions sociologiques de la ville, nous avons retenu celle de Max Weber, qui serait restée valide, malgré son antériorité par rapport au contexte historique des villes que nous étudions. Max (1864-1920), aborde la ville suivant trois critères : l'habitat, les structures sociales et économiques. Concernant l'habitat ou occupation de l'espace, il insiste sur la concentration des habitations : la distance très courte entre les maisons, voire même le mur contre mur. Sur la structure sociale, il considère l'absence des connaissances réciproques entre les habitants dans leurs groupements ordinaire et spécifique de voisinage. Ce qui nous amène à envisager la comparaison des deux villes considérées, sur la forme urbaine, dans un contexte de relations entre les groupes de leurs résidents. Les économistes de leur côté, ils voient en la ville sa nature en tant que marché. R.M. Haig, l'un des fondateurs de l'économie urbaine, considérait la ville comme étant «un point de minimisation des coûts de transport », W. Hirsch, y voit un système dynamique des marchés interdépendants et interconnectés caractérisé par la densité et la spécialisation des acteurs, ainsi que des conditions institutionnelles qui influence le processus décisionnel . Certes, Hirsh ne dit pas en quoi l'interrelation est spécifique à la ville, comme Haig s'enferme dans un raisonnement optimisateur, alors que durée de la vie ville déborde la stabilité technologique. Mais, ces deux définitions nous permettent de choisir les centres de productions et les liens que représentent les moyens de transport, pour une analyse comparée des nos deux villes, en termes des relations avec l'environnement. Ce survol des définitions nous a conduit à retenir des champs à comparer dans les différents domaines : la forme urbaine, l'organisation et la gestion de l'espace, ainsi que l'organisation des unités de production, pour la géographie ; la forme urbaine dans un contexte de relations entre les groupes de leurs résidents, pour la sociologie ; les centres de la production économique et leur relation, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la ville. D'une façon générale, nous constatons, comme le fit Louis Wirth en 1958, que dans l'après guerre, la littérature sur la ville est dominée par les travaux de l'école de Chicago, qui commencèrent quelques décennies plus tôt . Par contre, depuis les années 1990, la littérature est dominée par les études concernant la ''ville globale'' que décrivent les auteurs comme Saskia Sassen, Joëlle Garreau, Robert Fishman, etc., dont l'école de Californie s'efforce de se faire le représentant. En conséquence de tout ceci, la quête d'un éventuel changement dans la nature même de la ville, consisterait à comparer la ville de l'école de Chicago à la ville globale de l'école de Californie. Notre démarche va consister, ainsi, à analyser la première ville, celle de l'école de Chicago, pour ensuite comparer ses éléments à ceux de la ville de la ville globale. Nous ferons cela suivant les trois faciès retenus plus haut (la forme urbaine, l'organisation et la gestion de l'espace, ainsi que les structures de production économique), et conformément à l'option multidisciplinaire. II. De la forme urbaine Le contraste que pourrait présenter la forme urbaine aux deux repères chronologiques que nous avons retenus, peut contribuer à former notre jugement sur une éventuelle différence significative. Par la forme urbaine, les géographes désignent des catégories fonctionnelles comme la rue, le centre d'affaires, le faubourg ou la banlieue, alors que les architectes et les urbanistes voient en cet espace de la ville, un ensemble des formes aussi, mais en tant que matériau de leur intervention sur l'urbanisation, indépendamment du processus qui s'est opéré. Les sociologues et les économistes urbains, quant à eux, s'intéressent aux effets spécifiques générés sur la société par le fonctionnement de la ville . Pour les géographes, la ville des années de l'après guerre s'est caractérisée par le phénomène de développement autour de la ville ancienne, de la banlieue ou suburb . C'est le phénomène appelé aussi la suburbanisation . L'installation des industries qui ont besoin de l'espace, dans les anciens faubourgs ou le long des puissants voies de transport rapide avait, certes, déjà commencé à affecter la forme agglomérée de l'espace urbain en permettant le transport des ouvriers vers les manufactures grâce à la locomotive à vapeur. Mais, le développement du tramway, celui du couple automobile-axes autoroutiers, et le développement des liaisons entre les banlieues elles-mêmes, dans l'après guerre, ont accéléré des transformations récurrentes. La banlieue, autrefois manufacturière, a accueilli la fonction d'abord résidentielle en raison de son accessibilité aisée, ensuite et progressivement, d'autres fonctions. C'est alors une inversion du mouvement. L'urbanisation qui était jusque-là synonyme de concentration et d'exode rural, sinon des migrations des centres relais vers les grands centres, s'est transformée en mouvement de la ville centre vers l'extérieur, en banlieue linéaire ou en étoile . Cette contre-urbanisation opérait ainsi une déconcentration du noyau ancien en déclin au profit de ces nouveaux quartiers qui se sont érigés en villes satellites . De cette manière, l'espace urbain des années qui suivent la fin de la Deuxième Guerre mondiale passait, en général, d'un état de concentration majeure à celui de concentration mineure, mettant en jour une corrélation inverse, entre la taille démographique des villes et leurs taux de croissance migratoires . Les fonctions supérieures demeuraient toutefois concentrées dans le vieux centre de l'agglomération, d'où celle-ci exerçait son influence sur la campagne environnante et sur les autres villes de son réseau hiérarchisé, suivant le modèle de Christaller , réalisant une centralité unique autour de la vieille ville. La zone d'influence montre une territorialité qui évolue généralement d'un ancrage initialement local à un ancrage régional, sinon national. En France, par exemple, l'influence de Nancy demeura locale, celle des villes de Lyon et de Marseille atteignit une dimension régionale, alors que l'influence déjà nationale de Paris dépassait les frontières françaises. Il convient, par ailleurs, de se demander si ce phénomène est universel, et dans ce cas, s'il se produit avec la même ampleur et partout de façon synchronique. Pour Bagnasco et Le Galès : «l'influence des États a structuré des formes urbaines diverses .» Jusqu'au début du siècle, le modèle aggloméré prédominait en Europe, avec une densité du bâti qui accompagnait celle de la population, alors qu'en Amérique l'expansion urbaine se faisait suivant un modèle horizontal. Contrairement à l'Amérique où elle est apparu vers 1880 , la tendance à la déconcentration et au développement des banlieue atteint l'Europe seulement dans les années cinquante, avec la généralisation de l'automobile. Mais, elle n'y a touché que les plus grandes villes, où le modèle aggloméré, à base des trames circo-concentriques, est peu affecté et, où comme c'est le cas pour Paris et Londres, la pertinence et la domination de la ville centre n'ont pas disparu jusque-là. Cette stabilité de la forme spatiale est allée de paire avec celle des hiérarchies urbaines . Dans les villes américaines, par contre, après l'apparition des banlieues de la classe moyenne aisée, vers 1880, la décentralisation industrielle et la seconde vague d'exode de la classe moyenne à l'apparition de l'automobile, la dépression et la guerre provoquèrent une rupture qui sera brisée par le boom économique dit de l'après guerre. Le processus reprend alors avec plus de vigueur. Au point que vers 1980, le nombre des banlieusards était presque partout supérieur aux résidents de la ville centre : 54,1 % à New York, 61,8% à Chicago, 66,3% à Los Angeles . Au Québec, le processus de suburbanisation qui était faible à partir de 1900, s'accéléra concomitamment avec l'augmentation du parc automobile à parti de 1950. Entre cette date et 1980, la population des villes centres diminua de 120.000 à Montréal, de 40.000 à Québec, de 12.000 à Sherbrooke et de 8.000 à Trois-Rivières . Dans les territoires coloniaux d'Asie et d'Afrique, par ailleurs, les années de l'après guerre constituent la période d'or de développement d'une urbanisation issue d'une volonté mercantiliste, sinon de contrôle administratif. En Afrique, par exemple, les villes coloniales voient se développer deux espaces distincts : la ville dite européenne, à faible densité de la population et de construction, qui concentre les fonctions essentielles, et la ville africaine, très dense, aux nombreuses petites constructions, qui joue un simple rôle de dortoir pour les travailleurs . Entre les deux, apparaît souvent un quartier industriel. Léopoldville (actuel Kinshasa), au Congo belge, le quartier de Kalina (actuel Gombe) constituait la ville européenne, autour de laquelle se développa plusieurs quartiers populaires, dits africains comme Kitambo, Bandalungwa, Limete, Yolo Nord, Yolo Sud et Lemba, qui concentrent l'essentiel de la population urbaine. Nous pouvons ainsi noter que du point de vue des géographes, la ville de l'après guerre est marquée par l'accélération de la suburbanisation, principalement en raison de l'établissement des réseaux de transport rapide. La concentration céda la place à déconcentration, à la faveur de la contre-urbanisation qui a initié le déclin de la ville centre. La hiérarchie urbaine continua à s'accroître, renforça ainsi la centralité urbaine. La question qui se pose ici, est celle de savoir si cette forme urbaine a évolué depuis lors et si le changement est très significatif aujourd'hui, pour estimer qu'elle pourrait avoir contribué à mettre en place une autre forme de ville. Nous avons vu que par le passé, le noyau urbain initial était approvisionné au moyen des charrettes tirées par les chevaux, mais l'apparition des chemins de fer a conduit à l'installation des premières fabriques en marge des centres des villes. L'arrivée du tramway électrique et son extension à l'ensemble de l'agglomération déclencha la suburbanisation des cités industrielles. Le développement de l'automobile et la multiplication des voies rapides entre les banlieues elles-mêmes, après la Seconde Guerre, a accéléré l'exode des gens de la classe moyenne vers des banlieues. Mais aussi, cela provoque l'alignement des prix de revient, quelque soit le site d'implantation. L'industrie qui avait déjà fait quelques incursions en banlieue s'y installa fermement. À partir des années 1970, ce sont des considérations non économiques qui guident le choix : la qualité de l'environnement. Des nombreuses usines des quartiers attenants au centre villes se délocalisent en banlieue, provoquant un phénomène de friches industrielles. La transformation des banlieues, des cités-dortoirs en lieux à la fois de résidence et de travail, a accéléré le développement des nouvelles fonctions grâce à la satellisation récurrentes des activités socio-culturelles, des centres commerciaux géants, etc . Le développement de la multifonctionnalité en banlieue, a à son tour accéléré l'étalement urbain et provoqué sa densification relative, au moment même où le déclin de la ville centre s'accentuait, aggravée par la congestion routière et les bruits. Après la crise de la grande industrie de 1970-1980, le développement de l'électronique et de l'informatique va profondément transformer la physionomie de la banlieue. Les difficultés de l'industrie ayant contribué au développement de la crise financière et des vieux réseaux techniques urbains , la restructuration s'effectua à base des nouvelles technologies. Ainsi, le rôle des anciens réseaux matériels est supplanté par celui des nouveaux réseaux immatériels dans la transmission des informations. Le nouvel espace des flux d'information devient une force particulière de structuration et de hiérarchie urbaine . Aujourd'hui, chaque banlieue possède son centre, les densités aux heures de travail sont élevées et la congestion y devient forte . La littérature parle de la naissance de la ville du vingtième siècle . Déjà en 1981, Peter Muller, par exemple, se demandait déjà si la banlieue n'a pas égalé la ville centre. Ainsi, William Sharpe et Léonard Wallock se demandent-ils s'il ne s'agit pas de la naissance d'une ville d'une nouvelle ville, pour laquelle, Robert Fisherman note l'existence l'émergence de polycentralité ubaine , alors que Arnaldo Bagnasco constate un «renforcement des échelons supérieurs des hiérarchies ». Toutefois, ce processus de changement aurait été plus lent dans la ville européenne, qui résisterait ainsi aux pressions pour à son américanisation . Ainsi, la forte consommation de l'espace, la quasi-absence d'immeubles à logement collectif, une voirie secondaire trop large et très sollicitée restent des particularités de la banlieue américaine . Plusieurs villes issues de l'urbanisation coloniale, en Afrique surtout, sont par contre en proie aux difficultés économiques. L'exode rural en a fait des agglomération hypertrophiées, sans industries . Sur le plan architectural, on note qu'à la différence de la ville en hauteur dont Chicago est le prototype, la réplique est la ville de forme basse avec des maisons unifamiliales. Les villes périphériques à celle de Montréal, par exemple, enregistrent aujourd'hui des mouvements de citoyens contre les projets d'immeubles à plusieurs niveaux. Sans vouloir verser dans un certain déterminisme, nous constatons ainsi, que les mutations technologiques rapides de ces dernières décennies ont contribué énormément à imprimer un changement radical à la forme de la ville du début du vingtième siècle, telle qu'elle est perçue dans la littérature géographique. Mais, les changements ne s'opèrent pas partout de la même manière et au même rythme. Il convient aussi de savoir comment cette évolution est perçue dans la littérature des autres disciplines qui étudient le fait urbain, notamment la sociologie urbaine. Cette démarche pourrait nous permettre de nous faire une idée plus globale de la perception des mutations en cours, en milieu urbain. Par ailleurs, l'évolution décrite dans la littérature géographique se retrouvant souvent dans l'objet des études sociologiques, nous ne reprendrons dans ce volet que les faits essentiels et ceux qui complètent les éléments déjà précédents. À la sortie de la Deuxième Guerre, les avancées théoriques commencées aux années 1920, avaient déjà permis de voir en la forme de la ville de Chicago, le modèle de la ville industrielle. Ainsi, nous paraît-il utile de rappeler ces acquits théoriques, pour mieux comprendre la ville du sociologue dans l'après guerre. Ces travaux ont rendu compte d'un phénomène spécifique qui accompagne le processus de métropolisation, à savoir : une compétition pour l'existence, qui se traduit par des dominations, des invasions et des successions des populations d'un secteur vers un autre situé à l'extérieur. La construction d'un immeuble à bureaux, par exemple, refoule ses occupants, des anciennes habitations vers la périphérie. Aussi, le centre ville en déclin, congestionné et dégradé, est abandonné par les riches et particulièrement les jeunes foyers désireux d'aller élever leurs enfants dans un milieu sain, pourvu de l'espace en banlieue. L'abandon par le secteur moyenne d'un secteur de la ville entraîne son occupation par les strates sociales et ethniques inférieures. En conséquence, le tertiaire préexistant cède la place aux commerces et aux loisirs adaptées aux besoins des nouveaux résidents de cette véritable zone écologique. La succession des populations qui se traduit par des conflits, des glissements réels, dans l'utilisation du sol . Pour Paul Claval, les zones les plus dégradées du centre se constituaient en ghettos pour les groupes les plus faibles . Park (1920), Ernest W. Burgess (1925) et Roderick D. Mc Kenzie (1921-1923) avaient déjà décrit ce phénomène en parlant des cercles concentriques se développant autour du centre. La diversité ethnique et religieuse dans ce milieu urbain constitue un facteur de complexité. Notons que l'observation des affectations du sol, du centre vers la périphérie urbaine avait déjà permis à Hoyt (1939) d'adopter plutôt un modèle dit des secteurs , lequel tient compte des différentiations apportées par la présence de certains actifs fixes, comme les infrastructures de transport, aussi bien que celle de la qualité de la vie. À la sortie de la Guerre en 1945, un modèle dit à noyaux multiples, émerge des travaux de Harris et Ullman, qui ont adapté le modèle de Hoyt aux réalités du moment. Considéré comme plus représentatif des organismes urbains d'une certaine importance, comme les seront les certaines agglomérations urbaines lors du boom économique de l'après guerre. Certes, le milieu social ne pouvait se réduire strictement à tel ou tel autre modèle, étant donné que chacun représentait une certaine part de vérité. Ainsi, dans certains quartiers de Los Angeles, le développement se serait effectué entre 1940 et 1970, en opérant des changements d'affectation de sol par des ondes concentriques, allant du centre vers la banlieue, avec apparition des noyaux secondaires, suivant ainsi un modèle de Harris. Mais le contenu humain changeait en se propageant selon les quartiers résidentiels d'un certain niveau social situés dans un secteur radial, dénotant ainsi un modèle de Hoyt. Cependant, au cours de leur cycle de vie, les individus opèrent deux séries successives de déplacements : le passage par migrations centrifuges, d'un secteur à un autre, de la jeunesse à l'âge mûr, et les déplacements par migrations centripètes après la retraite, ce qui traduit le modèle de Burgess Harris . Comme le constatait Manuel Castells, la différentiation sociale a ainsi spécifié le paysage urbain, parce que «les caractéristiques des logements et de leur population sont à la base du type et du niveau d'équipements et de fonctions qui s'y attachent. » Dans le contexte du double exode des résidences de la clase moyenne et des industries vers la banlieue, dans les années de l'après guerre, le résultat global est l'occupation des ''trous de beigne '' de la ville centrale des grandes métropoles par les populations pauvres, se recrutant parmi les minorités ethniques et autres exclus économiques, politiques et de l'idéologie. Ce phénomène est allé en s'amplifiant au fur des années. Aux Etats-Unis, par exemple, les populations non-blanches représentaient 10,4% des résidents des villes centres en 1960, mais en 1985, elles étaient estimées à 20,1%, alors que dans les mêmes temps, leur part en banlieue n'était, respectivement, que de 2,8% et 6,8% . En 1980, la proportion des Noirs (la portion la moins bien nanties des Etats-Unis) en banlieue, était de 9,6% à Los Angeles, et de 5,6% à Chicago . Par ailleurs, Bagnasco estime que «les processus de ségrégation spatiale sont plus marquantes dans les plus grandes métropoles et que l'Europe comporte davantage de villes moyennes et moyennement grandes,…Sur ce plan, les processus de ségrégation sociale sont plus marqués aux Etats-Unis .» Dans les villes de type colonial, cette période a été celle de développement de la ségrégation sociale, voire même raciale. Ainsi, en Afrique du Sud, Hillbrow, un quartier résidentiel au Nord-Est du quartier d'affaires de Johannebourg connu un grand développement immobilier entre 1948 et 1976, et compta la plus forte densité de logements de tout le Commonwealth, mais aucun Noir n'y fut admis , plusieurs millions de personnes furent parqués tous dans les townships, aux maisons étroites et bondées, réservés aux travailleurs de couleurs : Soweto, Thokoza, Alexandra, Tembisa, Shaperville et Sebokeng. Mais, l'industrie étant le moteur de transformation de la société , le développement accru de la grande industrie a donné naissance aux nouveaux regroupements au sein de la structure sociale : des ensembles des personnes ayant des comportements communs et des préoccupations communes. Ce sont des regroupements liés aux classes d'âge, aux milieux ouvriers, au milieu des techniciens, etc . CONCLUSION partielle. La crise de la grande industrie intervenue à partir de la fin des années 1970, a apporté, à son tour, des sérieuses perturbations à la configuration sociale des grandes agglomérations. À Montréal, par exemple, connu la menace d'un spectre de désindustrialisation . Les pertes d'emplois furent nombreuses. Déjà au début de la crise, une ville comme Milwaukee dans le Minnesota enregistre une perte de 42.000 emplois, entre 1960 et 1973 . Dans les pays ex-colonies, on assistait alors au développement d'une urbanisation dépendante , caractérisée par des relations asymétriques entre la structure économique en déclin, et une très forte croissance urbaine qui produit une sous-prolétarisation excessive, particulièrement dans presque toutes les villes d'Afrique subsaharienne. Les programmes agressifs de restructuration ont entraîné des lourdes conséquences en termes de pertes d'emplois. Chaque crise laisse sur le tapis, des travailleurs qui n'ont pas l'aptitude nécessaire pour le recyclage dans les secteurs modernes. À la suite de la crise de l'industrie basée sur les grosses unités de type traditionnelle (fordiste), la préférence est accordée de plus en plus aux petites et moyennes entreprises adaptées aux besoins de flexibilité (industrie post-fordiste), se traduisant par la précarisation des conditions de travail : l'apparition des emplois temporaires peu rémunérateurs et inversement, la rareté des contrats permanents. La vive concurrence internationale, qui est apparue avec l'économie post-fordiste, a conduit les entreprises à s'aligner aux impératifs de maximisation du profit. Les divers modèles d'organisation de travail mis en place peuvent se résumer en deux variantes : les modèles basés sur la flexibilité du contrat de travail et le néo-taylorisme, et ceux qui sont axés sur la stabilité de contrat négocié . Georges Benko et Alain Lipietz relient la première variante (la flexibilité du contrat) aux grandes concentrations d'immigrants , qui acceptent des faibles salaires. C'est notamment le cas des entreprises de haute technologie de l'aéronautique, de biotechnologie et des technologies de l'information qui se développent au sein de la région de Montréal. Dans le cas de Los Angeles, Benko et Lipietz constatent que la restructuration se nourrit de la rigidité spatiale : les immigrants qui ont des difficultés à percer, acceptent les petits emplois, mal rémunérés de la nouvelle économie. Ils deviennent ainsi des concurrents de la main d'œuvre ancienne sur qui s'exerce la pression du marché pour les suppressions des postes permanents. Enfin, ils occupent des loyers à prix modérés dans les secteurs déstructurés de la ville . On assiste ainsi à l'émergence de la dimension spatiale du phénomène de segmentation du travail, avancée par Stroper et Walker . Les espaces appropriés des communautés ont acquis tout autant la valeur d'usage que la valeur d'échange : travail ethnique très mal payé, structure interne de financement, liens avec les grandes entreprises du pays d'origine, etc. Dans le cas du quartier de Koreatown, à Los Angeles, «la réappropriation de la valeur de la force de travail ethnique a, profité, en partie de la recentralisation industrielle». Le milieu ethnique exploite des ressources de la communauté pour contourner la concurrence du marché libéralisé. La concurrence ethnique sur le marché de l'emploi s'est ajoutée à l'invasion territoriale, par le biais des petites boutiques dans les quartiers pauvrement desservis . Quant à la deuxième variante, le modèle d'organisation basé sur la stabilité de contrat de travail négocié, dont Francofort-sur-Maine constitue le prototype, il a permis à cette ville, par exemple, de se hisser au rang de ville globale, avec une population modeste (650.000 habitants), en produisant une cohérence structurée différemment. Cette «métropole régionale, polycentrique, nodale, flexible et mondialisée» est devenue un grand centre financier d'importance mondiale, qui n'est surpassé que par les trois premiers pôles mondiaux : Londres, Tokyo et New York. C'est une ville d'économie nouvelle qui fonctionne comme un district post-industriel, un centre international de transport et communication. CONCLUSION partielle: la configuration sociale de la ville d'aujourd'hui est différente de celle des années de l'après guerre. Les ghettos sont……. II. De la gouvernance urbaine Après avoir examiné l'évolution de la forme urbaine, il conviendrait d'examiner si les modalités de gestion de l'espace urbain au milieu du siècle dernier sont différentes de celles d'aujourd'hui. Comme l'estime Bailly, par le biais de l'administration, les organisations structurent les sociétés et leur donnent une identité profonde . C'est pour cela que notre démarche visant à comparer les villes dans l'espace et dans le temps (le milieu du siècle dernier et le début du 20e siècle), a aussi tenu compte de la forme des organisations institutionnelles chargées de la gestion des organismes urbains. Notre préoccupation porte sur la nécessité de savoir si l'ampleur de l'expansion spatiale du cadre urbain, l'apparition de la multi-centralité urbaine et la complexification de la structure sociale intervenues depuis la dernière Guerre mondiale, ont pu induire des modification substantielle de la stratégie institutionnelle de gestion de la ville. Certes, presque tous les pays, sauf la Suisse, ont réformé leur système institutionnelle local, en vue de prendre en compte ces exigences de la croissance urbaine , mais ces réformes sont-elles assez significatives pour contribuer à développer une autre configuration de la ville, en tant que territoire de production de richesses et de bien-être? Sans toutefois verser dans l'ethnocentralisme ou mieux un certain déterminisme culturel, il y a lieu de constater qu'au milieu du siècle dernier, deux modèles de gouvernement urbain étaient dominant dans le monde : le modèle français et le modèle britannique. Inspiré de législation napoléonienne, tout le système municipal français était soumis à une forte centralisation, basée sur des autorités locales nommées par le pouvoir central , jusqu'à l'adoption du code communal de 1957 et de la constitution de 1958, qui ont reconnu aux collectivités locales le droit de s'administrer librement par des conseils des élus, dans les conditions définies par la loi . Par ailleurs, une loi spéciale adoptée en 1968 érigeait la grande région de Paris en une municipalité unique, constituée d'arrondissements. Par contre, à la sortie de la Deuxième Guerre, en Angleterre, les gouvernements locaux (les conseils de districts urbains et de paroisses) jouissaient de leur autonome de gestion, et se constituaient depuis longtemps sur base électorale. En 1963, le ''London Government Act'' érigeait l'agglomération de Londres en région métropolitaine, avec deux paliers de gouvernement, sous l'appellation de Grand Londres. Depuis 1985, le Grand Londres ne compte plus qu'un seul palier de pouvoir. Entre ces deux modèles, il existe des modèles intermédiaires. Aux Etats-Unis, par exemple, l'autonomie urbaine ou (''self government'') est réputée relative, en ce sens que la ville exerce les pouvoirs que lui reconnaît son État, lequel peut lui renier certains . Il n'existe pas une règle générale sur la structuration institutionnelle. D'une manière générale, on observe depuis l'après guerre à certaine convergence des deux modèles d'administration municipale, vers la responsabilisation des élites locales : le modèle latin vers une forte décentralisation des collectivités territoriales, et le modèle anglo-saxon vers une autonomie renforcée des gouvernements locaux. Un peu partout, les besoins d'une gestion efficace de l'espace urbain en pleine étalement et des banlieues, aussi en expansion, inspiraient la restructuration institutionnelle par la création des nouvelles administrations dans au profit des nouveaux quartiers . Ce qui aboutit à l'existence des mosaïques municipales en milieu municipale. Cette démarche a soulevé, avec le temps, le problème d'économies échelle pour la production des services à la population, aux entreprises et aux propriétés et de gaspillage lie aux duplications des politiques consécutive à la concurrence intermunicipale. Il faut donc rechercher l'optimum de la taille d'une entité urbaine devant recevoir les privilèges d'une collectivité territoriale, tout en garantissant les services de qualité, au coût raisonnable. Devant cette question, l'approche écologique qui trouve en la municipalité, un lien avec la gestion de proximité, privilégie l'efficacité par l'autonomie des nouveaux quartiers de banlieue. Par contre, la multiplicité des politiques locales pose le problème de la difficile coordination des programmes régionaux. Aussi, certains équipements publics locaux ont un bassin de desserte régional, mais seuls les citoyens des municipalités hôtes en supportent les frais. On recherche à faire contribuer tout les utilisateurs par la fusion des municipalités de la région, mais de longues dates, les villes de la périphérie dénoncent la domination de la ville centre, tandis que celle-ci dénonce l'usage usufruitier de ses équipements par les villes périphériques . Mais, ce dernier temps, on observe une certaine évolution vers la constitution des municipalités de grande taille, en passant par des territoires virtuels basés sur la coopération intermunicipale. L'Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région de Paris (I.A.U.R.P.) recevait en 1968, la compétence pour la planification pour Paris. En l'an 2000, une agglomération à palier unique de gouvernement a été réalisée. L'évolution est similaire pour les agglomérations de Lyon, Marseille, Lille, Bordeaux et Rouen . Aux Etats-Unis, diverses formes de gouvernement régional ont été adoptées depuis les années 1950, dans certaines agglomérations, comme Seattle, Saint-Louis (Missouri), San-Antonio (Texas), Miami (Floride), et de l'ensemble Minneapolis-Saint-Paul (Minnesota). Au Canada où l'organisation municipale est une compétence provinciale, l'agglomération de Toronto adopta en 1953, un système à deux paliers, conformément à l'arrêté provincial de l'Ontario de 1946. Depuis 1998, une autre réforme a été opérée portant fusion de cinq municipalités adjacentes en une seule de 2,4 millions d'habitants, appelée le Grand Toronto. Au Québec, à Montréal, Québec et Trois-Rivières, ce processus commença par la création des Communautés urbaines en 1969, avant les fusions municipales de l'an 2000, qui ont créé les grandes villes à palier unique de gouvernement. Aujourd'hui, en raison des exigences de démocratie et de légitimité des actions publiques, le concept de participation de la population à la formulation des politiques a émergé. Ceci a engendré aussi à une nouvelle forme de gestion de la chose publique urbaine, avec l'émergence du concept de gouvernance urbaine. Il n' y a plus d'acteurs centraux qui décident tout pour la ville, mais plutôt un processus de prise des décisions qui impliques les acteurs divers du milieu, qui négocient les arrangements jugés bénéfiques pour la collectivité. Ce qui fait dire à LeGalès et Goldsmith, que la gouvernance est «un ensemble de procédures, dispositifs et modalités qui assurent une direction aux conduites par ailleurs distinctes et même opposées des divers acteurs qui structurent la collectivité, et qui leur permettent de poursuivre des objectifs acceptés comme étant bénéfiques pour l'ensemble .» Nous remarquons ainsi, que le gouvernement de la ville se caractérise aujourd'hui, par une responsabilisation accrue des élites locales, grâce à la décentralisation intervenue dans les villes des États centralisateurs, soit par le renforcement de l'autonomie locale dans les villes des pays sans tradition d'une forte hiérarchie. A la suite des besoins de couverture administrative du territoire urbain, fortement étalé, des administrations autonomes sont nées dans les quartiers périphériques. Ce qui a posé le problème de la fragmentation administrative de l'espace urbain. Les difficultés récurrentes, liées à la livraison optimale des services, ont suscité la difficile question de la taille idéale d'une collectivité municipale, sur laquelle une certaine tendance se dessine vers la réduction du nombre des paliers de gouvernement, et la création des grandes municipalités. Le gouvernement local lui-même a cessé d'être l'affaire des acteurs centraux qui dictaient leur loi, pour devenir le fait des divers acteurs du milieu, qui négocient les arrangements jugés bénéfiques pour la collectivité. La ville agglomérée dotée d'une administration locale plus ou moins subordonnée à divers paliers de la hiérarchie de l'État central, des années 1950, a cédé la place à un ensemble métropolisé, à palier unique, siège d'interrelations entre acteurs locaux. La forme de gouvernement de la ville a donc changé. Mais, il reste à examiner si ce changement s'accompagne aussi des modifications sur le processus d'accumulation de production et d'accumulation richesses. III. Des structures de production économique Il est en effet admis que le processus d'industrialisation est un inducteur, et que la réalité urbaine, en constitue un effet induit . Ainsi, en raison des mutations notées, tant sur la forme que sur la gouvernance urbaine, il convient d'examiner si les structures de production économique, particulièrement celles de l'industrie des années de l'après guerre, n'ont pas connu une évolution subséquente, qui contribuerait éventuellement à différentier la ville de l'école de Chicago et celle d'aujourd'hui. Nous avons vu que le développement des voies rapides, tant entre la ville centre et les banlieues, qu'entre les banlieues elles-mêmes, a engendré l'alignement de la rente foncière, et en conséquence, des prix de revient, indépendamment de l'implantation industrielle en banlieue ou dans la ville centre . La diminution de la contrainte espace-temps vers le lieu de travail a favorisé un mouvement centrifuge (vers la périphérie) de la localisation industrielle, à la recherche des avantages environnementaux. Ainsi, alors que les Etats-Unis comptaient au total 350 parcs industriels en 1940, l'agglomération de Chicago seule en comptera 350 en 1970, et 3000 en 1980 . En 1973, la majorité des emplois urbains est offerte par les banlieues dans les villes américaines. mais les grandes unités industrielles basées sur une offre standardisée (industries fordistes), de l'époque, amorçait une crise structurelle importante . La demande devenant de plus en plus spécifique, l'offre standardisée ne trouve plus des débauchés. Il faut alors recourir aux stratégies pour une offre spécifique adaptée à la variabilité de la demande. Ceci a conduit à l'émergence «de nouvelles compétences, croisées entre les connaissances, le ''savoir-traiter'' les informations et les aptitudes à développer des processus interactifs et cognitifs. La base de la production, qui reposait jusque-là sur l'énergie a ainsi changé au profit de l'ère dite post-industrielle, celle de l'offre flexible, basée sur les hautes technologies. Les années 1970, qui sont celles de la restructuration des espaces intra-urbains, correspondront ainsi, à la transition de l'ère industrielle ou fordiste vers l'ère postindustrielle dite aussi post-fordiste, basée sur le traitement des flux d'informations véhiculés par les réseaux des télécommunication . Les banlieues sont devenues le théâtre d'une nouvelle économie axée sur la stratégie de la flexibilité. Aussi, les besoins d'économies d'agglomération a suscité la stratégie de sous-traitance des services à la production. Ce qui a conduit à une désintégration verticale de la production. Cela se traduit sur le terrain dans la banlieue, par la concentration des multiples petites entreprises de hautes technologies, autour des entreprises leaders . L'ancienne hiérarchie intramétropolitaine dominée par la ville centre est désintégrée, au profit des nouveaux centres qui émergent en banlieue sur des localisations stratégiques, autour de ces concentrations . Ces banlieues technologistes, non seulement transigent entre elles et disposent souvent d'un poids économique supérieur à la ville centre, mais aussi, traitent avec d'autres pôles extra-métropolitains. Elles disposent, sur place, de toutes les compétences nécessaires, et ont atteint la masse critique pour leur développement . Des formes particulières de regroupements des activités contribuent à opérer des mutations sur le territoire urbain, il s'agit des concentrations d'activités de pointe que sont les parcs technologiques, les technopoles et les cités de la science. Les parcs technologiques opèrent comme des pôles d'induction d'une nouvelle croissance industrielle, par l'emploi, en attirant les entreprises de haute technologie; les technopôles se posent en complexes industriels qui agglomèrent plusieurs firmes de hautes technologies, aux côtés de diverses fonctions autrefois centrales, constituant ainsi un milieu innovateur qui s'appuie sur la recherche et développement, c'est le cas, par exemple du technopole Angus, à Montréal ou du technopole de Montpelier, en France ; tandis que les cités de la science apparaissent comme des complexes de recherche scientifique, sans lien territorial avec les activités industrielles, mais développenet des synergies dans la région . Aujourd'hui, des puissantes concentrations d'unités industrielles de haute technologie constituent des edges cities, des véritables pôles financiers et commerciaux, qui se développent sur des localisations stratégiques, par rapport aux carrefours autoroutiers, et dotés d'équipements prestigieux, comme les centres d'achat et des centres d'activités multi-fonctionnels, des tours à bureaux , etc. Ce qui a amené Oskar Muller à affirmer que l'organisation spatiale intramétroplitaine est devenue radicalement différente du modèle des anciennes villes monocentriques . Robert Fisherman, de son côté trouve qu'on est plus devant le phénomène de suburbanisation, il s'agit d'une nouvelle ville . Il est allé jusqu'à proposer d'autres néologismes, à savoir : technoburb et techno-cité. La technoburb apparaît comme une unité socio-économique établie dans un corridor de croissance économique, généra0lement établie le long d'une autoroute, et pourvue de presque tous les équipements de prestige, notamment des centres d'achat, des parcs industriels, des complexes à bureaux etc. Les industries qui y sont établies crée peu d'emplois, mais, ils sont presque tous de haut niveau et requiert une forte spécialisation. C'est le cas de Silcon Valley, en Californie, ou de la route 128. Quant à la techno-cité, elle concerne toute une région métropolitaine, transformée en raison du développement d'une technoburb dans sa périphérie. Elle est toujours polycentrée porte souvent le nom de sa métropole . Par ailleurs, les effets des externalités d'origine technologique sur les structures productives urbaines, ne se limitent pas à la seule restructuration du tissu interne, car ils concernent aussi, l'émergence du concept de la ville globale, que Bagnasco et LeGalès appellent la ville mondiale, la ville post-fordiste, la ville de l'information ou la ville de l'entrepreneuriat . Pour Saskia Sassen, la ville globale, est une ville qui exerce un certain niveau d'hégémonie dans le système économique planétaire, grâce aux activités de ses industries leaders, qui sont généralement des firmes de services spécialisés et ses places financières, des sites de production basés l'innovation . Sa place dans la hiérarchie mondiale dépend de la concentration des sièges sociaux des firmes d'envergure internationale. En outre, elle profite souvent du mouvement de délocalisation des entreprises, qui s'opère en raison de la libre circulation des capitaux et des usines, ainsi qu'au recul du rôle des frontières de l'État-nation. .

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