Luttons contre l’exploitation des enfants ! Les beaux jours arrivent et avec eux les vacances. Pour des millions d’enfants dans le monde, cette période est synonyme d’exploitation sexuelle. Les mesures de plus en plus répressives de la part des états concernés semblent incapables d'endiguer ce fléau. Découvrez dans notre coup de cœur les associations qui s’engagent sur le terrain de la prévention. Pompiers, architectes, pharmaciens… Des dizaines de corps de métier s’engagent auprès des populations les plus défavorisées. Le credo de ces spécialistes ? Offrir gratuitement à ceux qui en ont le plus besoin, en France ou à l’étranger, ce qu’ils ont de meilleur : leurs compétences professionnelles. Zoom sur ces professionnels engagés dans notre dossier Prévenir le tourisme sexuel Par Antoine Janbon Partout dans le monde le tourisme sexuel ne cesse de prendre de l'ampleur. La mobilisation de la communauté internationale et les mesures de plus en plus répressives de la part des états concernés semblent incapables d'endiguer ce fléau et les efforts des associations se concentrent aujourd'hui sur le terrain de la prévention. Du Cambodge au Sénégal, le phénomène n’épargne personne. Dans tous les pays pauvres où le soleil brille, des adolescents ou des enfants sont prostitués ou abusés sexuellement par des voyageurs en mal de sensations fortes. Cet énorme marché, difficilement quantifiable en raison de sa clandestinité, toucherait, selon l’UNICEF, plusieurs millions de personnes dans le monde. Il n’a cessé de se développer avec l’essor des voyages à bas prix ces vingt dernières années. Une répression difficilement applicable De nombreux pays se sont engagés à prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène. La Thaïlande par exemple, a adopté des lois très répressives mais souvent inapplicables en raison du manque de formation de la police et de la corruption qui gangrène le pays. De la même manière, plusieurs états européens comme la France depuis 1994 sont aujourd’hui dotés des lois extra territoriales permettant qu’un abuseur français agissant à l’étranger puisse être poursuivi et condamné dans son propre pays. Pourtant, cette procédure reste lourde et très exceptionnelle. Alors comment agir pour lutter efficacement contre ce véritable fléau qui détruit chaque jour la vie de dizaines de milliers d’individus ? Des lois très répressives mais souvent inapplicables en raison du manque de formation de la police et de la corruption qui gangrène le pays. Agir dans les pays pourvoyeurs de touristes Selon la plupart des organisations spécialisées, les initiatives les plus efficaces à long terme se situent sur le terrain de la prévention. Pour Jacqueline Bruas, présidente de l’Association Contre la Prostitution des Enfants (ACPE), « il faut d’abord agir dans les pays pourvoyeurs de touristes pour que les mentalités changent. » Dans ce cadre, les personnes que l’on peut sensibiliser sont nombreuses. Son organisation vient d’éditer une brochure qui est régulièrement distribuée auprès des étudiants en BTS tourisme et accompagnée de conférences intégrées au cursus de formation : « Ils sont les futurs responsables du tourisme mondial. A ce titre, il faut les informer le plus tôt possible pour prendre les bonnes décisions s’ils sont un jour confrontés à des cas d’abus sexuels. » L’End Child Prostitution And Trafficking in children for sexual purposes (ECPAT) tente de cibler toutes les personnes qui sont amenées un jour à voyager. « Nous collaborons avec de nombreux voyagistes pour mettre en place les outils d’informations à destination des touristes », explique Carole Bartoli, chargé du développement auprès de l’ECPAT France. Ses actions passent par des campagnes d’affichage dans les aéroports, des vidéos diffusées pendant les vols qui rappellent les risques encourus pour l’auteur des abus, des encarts dans les principaux guides de voyages, des bannières sur des sites de voyages, des tracts distribués dans les centre de vaccination. Le touriste doit être informé à toutes les étapes de son voyage. « Ces initiatives poursuivent un double objectif. Elles visent à décourager celui qui serait tenté de commettre l’abus mais aussi de responsabiliser le témoin de tels faits afin qu’il prévienne les autorités. » Il faut collaborer avec les voyagistes pour mettre en place les outils d'informations à destination des touristes. Sensibiliser les populations locales Mais la prévention du tourisme sexuel ne concerne pas uniquement les clients potentiels. Il faut également agir auprès des populations qui de près ou de loin sont victimes de ce trafic. Ainsi l’ECPAT a mis en place une vraie politique d’information à destination des familles les plus pauvres qui envoient souvent un de leurs enfants à la ville sous l’influence des recruteurs. « Nous passons dans les villages et nous proposons des animations ludiques, des pièces de théâtre pour aborder ce sujet encore tabou dans de très nombreuses communautés rurales », rappelle Carole Bartoli. Pour Sandra Ayad, membre de la Fondation Scelles, une organisation qui lutte contre la prostitution dans le monde, la lutte contre ce phénomène doit se concentrer sur la sensibilisation des plus jeunes : « Dans beaucoup de pays, les enfants sont très tôt livrés à eux-mêmes. Ils considèrent le fait de monnayer leur corps comme quelque chose de normal car ils n’ont pas d’autres alternatives pour survivre. La scolarisation et l’éducation leur permettent d’envisager un autre avenir. Elles leur donnent les moyens d’être autonomes et leur offrent la possibilité de dire non ». Crédits photos : ECPAT France « Nous passons dans les villages et nous proposons des animations ludiques pour aborder ce sujet encore tabou » « Lutter pour changer les mentalités » Par Antoine Janbon Lucile Peignot est chargée de programmes auprès de Groupe développement, membre du réseau ECPAT International. Vous coordonnez plusieurs programmes dans le monde en vue de prévenir l'exploitation sexuelle des enfants. Quels sont les pays les plus touchés ? Il n’y a pas de zone en particulier. Nous intervenons sur tous les continents : l’Amérique du sud, l’Afrique, l’Asie. Quand les pays deviennent plus regardants comme la Thaïlande par exemple, les abuseurs se déplacent vers des pays limitrophes comme le Cambodge ou le Laos. Le phénomène est extrêmement volatile, d’où la difficulté de le combattre. Nous intervenons sur tous les continents : l'Amérique du sud, l'Afrique, l'Asie. Qui sont les touristes sexuels ? Il n’y a pas de touristes sexuels types. Certains sont de vrais pédophiles, très déterminés. Ils font le voyage dans cet objectif. Pour eux, la prévention ne peut-être effective. Seule la répression peut les toucher. D’autres sont considérés comme des touristes sexuels occasionnels, ils se retrouvent seuls, dans un pays lointain au sein d’un environnement dans lequel leurs repères moraux sont modifiés et où un climat d’impunité domine. Ce sont eux qu’il faut sensibiliser en priorité en les prévenant des conséquences de leurs actes tant pour eux que pour les enfants qu’ils ont parfois le sentiment d’aider. Certains sont de vrais pédophiles, très déterminés. Quelles sont vos actions à l'échelon local pour prévenir ce phénomène ? L’enjeu principal de notre action est de lutter pour changer les mentalités. Dans certains endroits de la planète comme l’enfant n’est rien, il n’a aucun droit. Au Pakistan par exemple, la prostitution des plus jeunes est couramment admise. Par l’intermédiaire de formations, nous tentons de sensibiliser des administrations comme la police, la justice en leur expliquant les dégâts de tels pratiques pour ces enfants mais aussi pour leur pays en général. Nous organisons également des réunions avec les familles pour les informer des conditions de vie de ceux qui sont partis à la ville. Nous tentons de sensibiliser des administrations comme la police. Les enfants sont-ils une cible privilégiée ? Bien sûr ! Nous avons plusieurs programmes à destination des enfants des rues en Afrique. En Thaïlande, nous apprenons aux jeunes prostitués à respecter leur propre corps en leur faisant prendre conscience qu’elles ne sont pas des objets mais des individus à part entière. Nous leur donnons aussi des cours d’anglais pour qu’elles puissent se défendre face aux touristes qui les abordent. En matière de lutte contre le tourisme sexuel l’éducation reste une arme absolue. Crédits photo : Benjamin Horvais En matière de lutte contre le tourisme sexuel l'éducation reste une arme absolue. Liens utiles Le Net : un danger pour les enfants ? Échanger avec des amis, jouer, préparer un exposé, apprendre, écouter, partager… comment profiter sans crainte du formidable potentiel d’Internet quand on a entre 7 et 12 ans ? Afin de sensibiliser les enfants et leurs parents à cette problématique, le thème national de la fête de l'Internet, qui a lieu cette année du 19 au 24 mars, est consacré à « l’Internet sans crainte ». A cette occasion, les animateurs de tous les espaces publiques numériques français ont été invités à exploiter les outils mis en place sur le site internetsanscraintes.fr pour mener des actions auprès des plus jeunes. Et pour clôturer cette semaine, autorités publiques, familles, enseignants, industriels et animateurs multimédia se réunissent à Lyon le 24 mars pour la journée « Enfance en ligne », dédiée à la protection des enfants dans l’univers numérique. Une conférence-débat suivie par des ateliers de démonstration des outils de contrôle parental sur Internet, les jeux vidéo et la téléphonie mobile. Pour consulter le programme et vous inscrire gratuitement, rendez-vous le site www.enfanceenligne.org . .

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